Le sublime Nemrut Dagi à 2200m d'altitude


Mardi matin, nous quittons notre spot perdu du lac pour rejoindre la route descendant vers Gaziantep. Nous grimpons à 1700m par moment et redescendons en pente raide à 1000m, puis nous re-grimpons, encore et encore. Les montagnes de couleur ocre et ce paysage presque désertique sont magnifiques. Mais au fur et à mesure que nous avançons, les séquelles du tremblement de terre de février 2023 commencent à apparaître. Nous voyons des villages dévastés aux maisons écroulées, des villes aux immeubles presque démolis, des montagnes de gravats remplaçant les habitations d'avant, des containers pour reloger ces pauvres gens, et parfois même des tentes uniquement ! C'est vraiment triste et nous sommes très peinés devant ce paysage de désolation, que nous traversons. Pourtant, le président a annoncé que tout serait reconstruit en un an... On a du mal à y croire, mais bon 😕

Dégâts causés par le tremblement de terre de février 2023

Voyez plutôt en vidéo...





Nous nous arrêtons à Adiyaman pour faire quelques courses et déjeuner. Le contraste est saisissant entre le centre commercial flambant neuf et tout autour, les immeubles fissurés et délabrés, voire complètement détruits. Puis, nous continuons notre route en direction du mont Nemrut Dagi. La route est de plus en plus petite, cabossée et en montagnes russes. Vers 15h, nous arrivons dans le village de Damlacik, à 800m d'altitude, où se trouve un tout petit camping. Le frère du propriétaire nous accueille chaleureusement avec un çay, et nous ne tardons pas à rencontrer le propriétaire, Mehmet. Il parle un peu anglais.



Piscine à l'eau de source gelée 😨
Du coup, nous lui demandons conseil pour l'ascension du mont Nemrut Dagi, car d'après les échos qu'on a eu, la route pour monter là haut est certes en très bon état, mais très raide par endroits et surtout très longue (20 kms 😫). Mehmet emmène les campeurs en voiture pour 800 lires aller/retour pour deux (environ 27€). Certes ce n'est pas gratuit mais des plaquettes de frein et des nouveaux pneus, bah c'est beaucoup plus cher 😃 On décide donc, pour une fois, de louer les services de notre hôte. Reste ensuite à vérifier la météo... Et on découvre qu'il est censé pleuvoir le lendemain. Alors se lever à 4h30 du matin et grimper à 2000m pour voir un lever de pluie plutôt qu'un lever de soleil, c'est pas ouf 😂 Mehmet nous suggère d'y aller tout de suite, vu qu'il fait beau, pour admirer le coucher du soleil. En voilà une bonne idée 👍

Après avoir nourri puis promené les chiennes, nous partons en Dacia Duster boîte automatique vers le Nemrut Dagi...

Au sommet d'une montagne, sous un tumulus artificiel inviolé sous lequel se cacherait de l'or, le roi Antiochos Ier se fit ensevelir en l'an 31 avant JC, pour reposer plus près des dieux, à 2200m d'altitude. Aux portes du Kurdistan, la région est riche en histoire, d'Abraham aux premiers Chrétiens, les croisés y passèrent... Du sommet du Nemrut Dagi, on peut contempler l'Euphrate, l'anti-Taurus et la chaîne des premiers sommets de la haute Mésopotamie. Nous ne regrettons pas cette ascension car c'est un endroit magique, surtout au coucher du soleil avec une belle météo ! Un moment magique du voyage 🤩 

Petite grimpette vers le sommet du Nemrut Dagi



Tumulus de pierres au sommet à 2200m


Le Nemrut Dağı a été inscrit en 1987 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le nom turc Nemrut Dağı fait référence, comme beaucoup d'autres monts d'Anatolie, au légendaire roi Nemrod ou Nimrud, qui apparaît dans la Bible et dans le Coran.

Le mausolée a été découvert en 1881 par un géologue turc, puis signalée à l'attention de l'académie royale des sciences de Berlin par l'intermédiaire du témoignage de Karl Sester. En 1882, Alexander Conze propose à Otto Puchstein de se rendre sur place pour aller constater les-dires de Sester. Ce dernier se laisse convaincre de l'emmener sur les lieux du tumulus, et le 4 mai, Puchstein découvre les statues qui confirment les informations qu'avaient transmises Sester. En 1883, Osman Hamdi Bey et Yervant Voskan organisent une visite du site qui fera l'objet d'une publication.



Terrasse Est du Nemrut Dagi

Il commence à faire froid là-haut !



C'est à une expédition américaine de 1953 que l'on doit l'essentiel des recherches. Antiochos Ier avait donc fait construire un énorme tumulus au sommet du Nemrut Dağı, flanqué, à l'est et à l'ouest de deux vastes terrasses. La terrasse ouest, taillée en partie dans le roc, est maintenue par un mur gigantesque sur le versant de la montagne. Elle supporte un groupe de cinq statues encadrées à chaque extrémité par un aigle et un lion. Les statues colossales mesuraient 9 mètres de plus, mais il ne reste plus que leur tête haute de 2 mètres. On trouve donc côte à côte les têtes des principaux dieux arméniens : Vahagn, Anahit, Aramazd, la déesse Commagène, et enfin Antiochos lui-même. A contrario, lorsque nous sommes au sommet, nous découvrons que les noms des dieux ne sont pas les mêmes ! On parle plutôt de Zeus et Apollon 🤫 À proximité, des stèles montrent les effigies d'Antiochos, de son père Mithridate Ier et de sa mère Laodice, qui serrent la main de façon familière aux divinités. La terrasse orientale présente les mêmes dispositions que la terrasse opposée, mais supporte également un autel à incinération. Car le lieu servait au culte royal, célébré chaque mois au cours d'une cérémonie religieuse qui rassemblait les habitants de la région autour des autels. Le tumulus abrite sans doute le tombeau d'Antiochos, mais celui-ci n'a toujours pas été découvert 😃








L'aigle et le lion






Le soleil se couche...












Nous passons un agréable moment là haut, surtout qu'on rencontre un paquet de francophones, des Belges, des Suisses et des Français. On discute tout en admirant le coucher du soleil et les couleurs changeantes des montagnes qui nous entourent. On se souviendra longtemps de cet endroit ! 

Une fois le soleil couché, Mehmet nous redescend au camping. Dès notre arrivée, on remarque des vélos de cyclotouristes. Finalement, il s'avère que ce sont des Français, Manon et Rémi, en voyage d'un an. Ils arrivent de Géorgie et se dirigent vers Istanbul, où ils prendront un avion pour pédaler en Asie du sud-est. On passe la soirée à discuter ensemble, autour d'un délicieux repas concocté par Mehmet et son frère. 


Autant la soirée est sympathique, autant la nuit est un cauchemar. On est en altitude, et pourtant, les moustiques nous pourrissent l'existence. Mais là où on ne comprend rien, aucune fenêtre n'est ouverte, aucune porte non plus, les aérations sont fermées, et malgré tout, ces enfoirés sont bel et bien là. On en massacre un et 5 mn plus tard, un autre refait surface 😫 On en est même à se demander s'ils ont pondu quelque part dans le fourgon. Résultat, on passe la nuit à chasser, calfeutrer, vaporiser du spray et scruter à la frontale 😡 A 4h du matin, résignée, je mets mes boules-quies et me dit "piquez-moi mais surtout que je ne vous entende pas !"...

Mercredi 18 octobre, réveillés à 7h30 par Méli cette fois-ci (grrrrr 😭), on se fait offrir un café par Mehmet et son frère. On aurait presque pu faire le lever du soleil sur le Nemrut Dagi 😃 Puis c'est le tour des lessives, du ménage, de la mise à jour du blog... On nous rapporte du pain frais du village, puis des grenades du jardin. Les propriétaires du camping sont vraiment aux petits soins avec nous ! J'aurais voulu tester la piscine mais vu qu'elle est remplie avec l'eau de la montagne, elle est littéralement gelée 😨 On passe une journée à ne presque rien faire, et ça fait du bien. Le soir, on calfeutre toutes les bouches d'aération et on se met en tenue de combat contre les moustiques. Finalement, on en aura eu qu'un seul 👍 

Jeudi matin, nous discutons encore un peu avec Mehmet, lui achetons du miel, et repartons en fin de matinée. Ce camping était vraiment chouette, 10€ la nuit électricité comprise, piscine, sanitaires impeccables avec douche bien chaude, machine à laver incluse dans le prix, et en plus on nous offre thé, café, fruits, pain... On reviendra sûrement !

Nous empruntons d'abord une toute petite route de montagne, que notre GPS ne veut vraiment pas qu'on prenne, il n'arrête pas de nous dire de faire demi-tour 😃 Puis, encore 25 kms sur la grande route et nous arrivons au pont suspendu Nissibi construit en 2015, au-dessus de l'Euphrate. Une grande aire de pique-nique a été aménagée juste à côté. On se gare en surplomb d'un lac artificiel, créé par le barrage Atatürk. On passe l'après-midi tranquille entre balades, jeux, et lecture. Singha et Méli ont trouvé une copine, et passent leur temps à jouer 👍 Il faut bien qu'elles se défoulent un peu...

Pont Nissibi construit en 2015



Singha et Méli se sont faites une copine


L'Euphrate







Vendredi, nous continuons notre route encore un peu plus vers l'Est, pour rejoindre la ville de Diyarbakir. Nous y resterons quelques jours, et cela fera l'objet d'un nouvel article !


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