Le Monténégro c'est beau, si l'on oublie les détritus...

Mercredi, on ouvre les rideaux, miracle : il fait beau ! Yannick sort même les sacs de couchage pour les aérer un peu :-) Nous filons en direction de Budva. Vieille de 2 500 ans, Budva est l'une des plus anciennes localités sur la côte de la mer Adriatique. Le 15 avril 1979, Budva fut secouée par un important tremblement de terre qui dévasta une grande partie de la vieille ville. Mais aujourd'hui, il reste peu de séquelles de cette catastrophe, presque tous les bâtiments ont été restaurés à leur forme d'origine. Les Vénitiens dirigèrent la ville pendant près de 400 ans, de 1420 à 1797. Budva, appelée Budua à cette époque, fit partie de l'Albanie Vénitienne et fut fortifiée par de puissants murs vénitiens pour contrer les Ottomans. Aujourd'hui, en pleine saison, la ville est envahie par les touristes Russes :-( Heureusement, hors saison, il est bien agréable de se promener dans les minuscules ruelles de la vieille ville, tout en admirant les jolies façades en pierres, et les belles églises et petites places avec leurs oliviers.

Enceinte de la ville fortifiée de Budva

Citadelle de Budva

Nous partons ensuite dans les terres, en direction de Cetinje, située à 670 m d'altitude. La ville se trouve logée sur une petite plaine karstique entourée de montagnes calcaires, dont l'imposant mont Lovcen. L'héritage culturel de Cetinje en fait la capitale historique du pays, à laquelle on attribue souvent le titre de capitale du trône. Elle accueille aujourd'hui la résidence principale du Président de la république du Monténégro ! Et nous avons dormi juste à côté :-) La fondation de Cetinje s'inscrit dans le contexte historique, politique et économique du XVème siècle. Les guerres menées par les Turcs forcèrent Ivan Crnojevic, seigneur de l'ancienne région de Zeta, à déplacer la capitale de son pays de la ville fortifiée de Žabljak vers Obod, en 1475, et peu après vers les contreforts du Mont Lovćen. Il y construisit sa demeure ainsi qu'un monastère. La ville fut nommée Cetinje d'après la rivière Cetina, toute proche. Le nouveau monastère devint un centre religieux régional important. La ville quant à elle ne devint pas seulement le centre de la vie séculaire, mais aussi un centre spirituel, avec la première imprimerie du sud des Balkans. L'indépendance monténégrine permit à Cetinje de devenir la capitale d'un État européen. Des bâtiments modernes furent érigés afin d'accueillir les consulats étrangers, grâce aux récentes relations diplomatiques nouées par le pays. Les consulats de la France, de la Russie, du Royaume-Uni ou encore de l'Italie, comptèrent alors parmi les plus beaux exemples de cette architecture civile de la fin du 19ème siècle. La ville connut une nouvelle période d'urbanisation durant le règne de Nicolas 1er. On construisit le premier hôtel de la ville, appelé Lokanda, mais aussi l'hôpital municipal et le nouveau palais princier. En 1910, le Monténégro fut proclamé royaume. Cela eut un réel effet sur son développement. La nouvelle maison du gouvernement, symbole du pouvoir de l'État, fut construite. La plus petite capitale du monde (5 895 habitants) connut un fort essor démographique. Elle devint un centre culturel et intellectuel, où des personnalités de renom vinrent en nombre.

Monastère de Cetinje (ancienne capitale du Monténégro)

Durant l'entre-deux-guerres, le territoire de Cetinje s'étendit peu à peu. Toutefois, il apparut rapidement pour les autorités en place que la ville ne pouvait assumer son rôle de capitale régionale. Décision fut donc prise de déplacer le parlement du Monténégro et l'ensemble des organes administratifs vers Titograd (l'ancien nom de Podgorica, la capitale actuelle du pays). Le rayonnement de Cetinje connut par la suite un fort déclin. Elle devint peu à peu une cité industrielle et négligea le développement de son potentiel traditionnel, culturel et touristique. Ces dernières années, avec l'accession du pays à l'indépendance et l'apparition de nouvelles politiques de développement, la ville semble retrouver peu à peu son statut de pôle culturel majeur du Monténégro. On y trouve de nombreux musées, construits dans les anciens palais. Le monastère est toujours en activité. 

Nous visitons la ville, que nous apprécions même s'il fait froid ! Puis, nous trouvons un parking au centre, juste à côté de la Résidence Principale du Président du Monténégro. Comme dirait Yannick, "tu te vois dormir dans ton van juste à côté de l'Elysée ?" ;-)) Pour le dîner, nous achetons de délicieux bureks à la boulangerie, ouverte jusqu'à 23h ! Par contre, la nuit fut glaciale, -3° dehors et pas plus de 3 à l'intérieur :-((

Ancienne ambassade du Royaume Uni, aujourd'hui école de musique

Ancienne ambassade de France avec beaucoup de mosaïques

Rue piétonne de Cetinje

Cetinje, by night

Jeudi, nous quittons le congélo pour rejoindre le petit village de Rijeka Crnojevica, connu pour son vieux pont (Stari most) construit en 1853. Ce village est aux sources du grand lac Skadar. Nous ne nous attardons pas trop ici car il n'y a pas grand chose à faire, et décidons de poursuivre pour voir le fameux méandre de la rivière portant le même nom que le village. Lorsque nous atteignons le point de vue, il y a 3 autres campings-cars ou plutôt fourgons, et ce sont tous des français ! Bien-sûr, il y a la famille bordelaise, mais on rencontre aussi des couples de Toulouse et encore de Bordeaux. 

Nous partons à pied sur une petite route en lacets, impossible de franchir en van puisqu'un énorme rocher est tombé en plein milieu. Les vues de cette route sont magiques, le méandre et les montagnes qui l'entourent sont magnifiques ! Puis, nous redescendons au village, pour prendre une route des Crêtes, longeant plus ou moins le lac Skadar. Si l'on fait abstraction de la route très très très merdique étroite, pleine de trous et de bosses, fossé à droite, fossé à gauche, les paysages sont de toute beauté. On ne se lasse pas de les photographier. Heureusement, nous ne croisons presque personne, car bonjour pour passer à deux véhicules sur cette minuscule route ;-)) Nous rejoignons le village de Virpazar, au bord du lac, où nous perdons un temps fou à trouver un camping figurant sur Park4night... Heureusement que les habitants du coin sont sympas, et qu'ils nous aident, en téléphonant... Mais au bout d'une heure, après des allers-retours sans fin sur des routes toujours aussi étroites, nous perdons patience et abandonnons. Jennifer, Sébastien et les enfants en ont marre également et proposent un coin près de la mer. En chemin, nous trouvons une station service avec une douche immaculée, bien chaude, wifi, tuyau d'arrosage pour faire le plein d'eau, une aubaine !!! Le spot en bord de mer est très très venteux et comme nous arrivons de nuit, on ne voit pas l'état de la piste. Du coup, on se pose au début du chemin, et on se colle au camping-car pour être un peu à l'abri de ce satané vent :-(

Ancien pont de Rijeka blablabla

Maison criblée de balles :-(

Fameux méandre sur la rivière Rijeka

Lac Skadar

Pause repas avec les chats chiants

Chats chiants

Mathys vient me demander si je peux lui faire un cours d'anglais, ainsi qu'à son petit frère. Devant une demande si gentille, on ne peut refuser ! Au programme : la Thaïlande. Je leur explique un peu comment est le pays, pendant que Yannick illustre avec des photos. Peut-être que cela leur donnera l'envie de découvrir le continent Asiatique :-) Nous dînons avec nos amis et filons ensuite directement dans nos sacs de couchage, en dormant en bas car avec le vent, il est impossible d'ouvrir le toit ;-(

Vendredi matin, nous partons à pied découvrir le coin, car de nuit, on ne voyait vraiment rien la veille. Si l'on oublie les détritus qui jonchent le sol, et les sachets accrochés dans les arbres, l'endroit pourrait être très beau. C'est un peu le problème du Monténégro : c'est sale ! Avec le vent, les sachets aux multiples couleurs restent accrochés dans les branches des arbres, et le spectacle n'est pas folichon. On préfère le sapin de Noël de la place Kléber à choisir :-))) Puis, nous nous dirigeons vers la ville portuaire de Bar. Ici, rien à voir, mais on veut faire une lessive. On trouve un pressing, avec une dame très gentille, qui nous lave 7 kgs de linge, puis le sèche, et le plie (on se demande même si elle ne l'a pas repassé) pour 6€ !!! C'est encore grâce à Park4night que nous avons trouvé l'endroit : Wash & Go, Ulica Dinastije Balsic, BAR (attention ça ferme de 12h à 13h). On le recommande ! On profite du laps de temps pour aller au marché, où nous trouvons de bonnes olives et des figues séchées. 

Les arbres à poches/sachets du Monténégro ;-(((

L'après-midi, nous partons dans les terres, à 4 kms de Bar, pour visiter la vieille ville de Bar : Stari Grad Bar. Stari Bar ("Vieille" Bar) a été l'un des premiers endroits habités au Monténégro. La ville se trouve sur la colline Londsa, au pied du mont Rumija. Elle a été construite à cet endroit principalement pour des raisons de sécurité, et pour sa facilité de défense. Cependant, au cours des siècles, elle a été reprise par de nombreux conquérants, y compris les Vénitiens, les Serbes, les Hongrois et l'Empire ottoman. En 1878, elle est redevenue partie intégrante du Monténégro. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, vous pouvez trouver ici les vestiges de bâtiments de différentes architectures et influences. Un autre avantage de l'emplacement du site était l'accès à l'eau potable. L'eau a été introduite dans la ville par le nord, à travers un aqueduc datant du 14ème au 16ème siècle. En 1878, lors du bombardement de la ville, l'aqueduc a été endommagé et 100 ans plus tard, en 1979, lors d'un tremblement de terre majeur, il a été détruit. C'est à ce moment-là que les résidents ont commencé à déménager dans le nouveau quartier de la ville, construit juste sur la côte. Aujourd'hui, environ 1 800 personnes vivent dans le Stari Bar. Nous passons beaucoup de temps à flâner dans les ruines du vieux Bar, cer endroit est presque magique, on s'y sent bien. De plus, nous étions tous seuls ! Comme vous l'aurez compris, on se régale beaucoup plus dans de vieux villages même en ruines, plutôt que dans de grandes villes polluées ;-) C'est la raison pour laquelle nous esquivons la capitale Podgorica, qui n'est pas d'un grand intérêt. 

Stari Bar : le vieux Bar

Ancien hammam

Ancien aqueduc

Nous recroisons vite fait, sans pouvoir nous arrêter pour discuter, la famille Zoulou :-) Puis, nous partons en direction de la dernière ville du Monténégro à visiter : Ulcinj. Je ne vous parlerai pas de cette merde saloperie abrutie de Google, qui nous fait grimper avec le van dans de minuscules rues en pente à 25%, où il est impossible de se croiser et où bien-sûr une ribambelle de voitures arrivent dans le sens inverse :-((( Je ne vous parlerai pas non plus de la multitude de voitures garées n'importe comment dans ces rues déjà étroites, ni des détritus un peu partout, ni des sens-interdit que les Monténégrins empruntent... Bref, on arrive avec beaucoup d'énervement et de stress à un parking en hauteur, au bord d'une falaise, avec vue sur la vieille ville d'Ulcinj. Pour se déstresser, on décide d'affronter le froid et le vent pour visiter Ulcinj by night. Malheureusement, il n'y a pas un chat, tout est sombre et on ne voit pas grand-chose. On retourne donc à notre van, se consoler avec un apéro :-) Pas de toit ouvert ce soir non plus, car le vent ne s'est toujours pas calmé !

Ulcinj, by night

Samedi matin, nous partons découvrir la ville , mais nous ne sommes pas plus emballés que la veille. Tout est fermé, ou à l'abandon, certaines maisons sont entièrement détruites, on n'arrive pas à trouver de charme à cette vieille ville, sans parler de la circulation infernale anti-piétons dans les rues de la nouvelle ville. Bref, nous repartons un peu déçus... C'était notre dernière visite avant de quitter le Monténégro. Place à l'Albanie, que nous rejoignons en fin de matinée... Finalement, le Monténégro c'est propre à côté de l'Albanie ;-)) Et je passe le détail de la conduite albanaise, qui est tout simplement improbable : voitures, scooters, vélos, piétons, charrettes, ânes, moutons, camions, taxis se retrouvent tous en même temps sur des routes défoncées, certains en zigzagant, et d'autres en se croyant sur un circuit de formule 1 avec leurs Mercedes déglinguées. Welcome to Albania !!! Heureusement, les gens ont l'air adorables :-)

Ulcinj, nouvelle ville

Vieille ville d'Ulcinj